« Pour moi l’Algérie gastronomique exulte d’arômes et de saveurs surtout pendant le mois de Ramadan. Le corps voué à une atroce mise en attente, pour l’occasion le temps a suspendu son vol, renaît enfin dans la première bouchée de la rupture du jeûne. Alors une monstrueuse explosion se produit, une course folle s’empare du système nerveux, tous les sens mis en veille, jusque là, accueillent le repas avec la soif d’un nouveau né. Le Djari (soupe à base de tomate et de blé concassé), fumant dans le plat, dont l’arôme de la coriandre envahi les narines, annonce la mise à nue des papilles. Puis vient le tour du Bourek (cigare de feuilles de brick farcis de viande de mouton) arrosé d’un filet de citron, aromatisé au persil plat, contrastant avec la fluidité du Djari, remet les mandibules en marche. A la fois croquant et fondant, ce bourek réveille en nous des souvenirs ancestraux. Alors quoi attendre d’autres après ce moment merveilleux et unique à la fois ? Allez ! une suite avec l’hamlahlou (plat sucré/salé avec viande et pruneaux). Enfin le coup de grâce arrive pour couronner ce somptueux festin : les friandises typiques, qui ne sont préparées que pendant le mois de Ramadan : la très célèbre zlabia (sorte de churros de semoule) dégoulinante de miel et l’inoubliable calbalouz (littéralement : cœur d’amande à la semoule) tous les deux et arrosés d’extrait de fleur d’oranger, accompagnent le mémorable thé à la menthe, «oh menthe quand tu prends possession de mes narines !!!!». Les plus courageux iront jusqu’au bout du voyage, d’autres quitteront le navire avant la fin, mais, les uns comme les autres, finiront par échouer sur un sofa, repu, heureux et prêt à recommencer cette aventure le lendemain ».
Texte de Samia BENTEBAL – ARCHITECTE
